La psychologie des Vampires de Anne Rice

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Anne Rice nous livre une nouvelle et révolutionnaire vision des Vampires. Jusqu’à présent, l’évocation du mot «vampire » menait à des images de monstres sanguinaires. Les histoires de vampires se résumaient pour la plupart à une lutte entre «les gentils », c’est à dire les humains courageux, et «les méchants », à savoir les vampires. Qu’il apparaisse sous forme humaine (Dracula est le meilleur exemple) ou sous forme de monstre (Cette image du vampire est de plus en plus utilisée), cette race était jusqu’à présent dénuée de sentiments réels. Le comte Dracula est décrit comme un tyran faisant régner la terreur sur les Carpates. Elle brise tous les tabous aussi bien religieux que moraux en nous offrant une race surnaturelle, dotée d’une véritable conscience et de sentiments humains.  La conscience ; voilà l’élément le plus intéressant qui leur a été attribué. Intéressant car sans conscience, les sentiments tels que le doute, la culpabilité, la peur, l’amour n’existeraient pas chez eux. S’il est établi que les vampires sont morts et que seule leur dépouille charnelle subsiste, Anne Rice nous les décrit comme ayant bel et bien une âme. Dans «le Voleur de Corps », Lestat se voit proposer un marché : Échanger son corps pour celui d’un autre grâce à un transfert d’âme. Ce transfert nous éclaire sur la véritable nature des vampires d’Anne Rice. Ils possèdent bel et bien une âme et de ce fait, peuvent être considérés comme des hommes, au sens moral du terme. Dans « Memnoch le Démon », Anne Rice va plus loin en soumettant son héros Lestat à un marché avec le diable. Elle donne de ce fait à cette race une conscience et un sens des valeurs. L’exemple le plus intéressant dans les chroniques des vampires est le vampire Louis.  Créé alors que pour lui la vie passait pour secondaire, il prit conscience de sa condition de vampire avec une humanité jusque là inconnue. Si les vampires doivent tuer pour subsister, lui ne tuera pas d’autres hommes ou le fera sans plaisir quelconque. S’ils doivent vivre cachés des humains en prenant garde de ne pas dévoiler leur existence, alors il s’affichera au grand jour en révélant sa condition de vampire à un journaliste.

Malgré l’étendue de ses pouvoirs, certes moins grands que ceux d’autres vampires tel que Lestat ou Maharet, il continuera à vivre une vie «ordinaire ».  Cette attitude est indubitablement liée à un profond sentiment de culpabilité vis à vis des hommes. Est-il une victime du vampirisme ou est-il coupable d’avoir trahi sa condition humaine pour une condition de monstre ? De toute évidence, Louis n’était pas conscient de la gravité de sa décision. Les pouvoirs de séduction et de persuasion de Lestat l’ont aveuglé et devant le fait accompli, les remords l’ont envahi. Mais cette question sur la culpabilité perds tout son sens s’il on considère qu’à priori un vampire ayant décidé d’offrir l’immortalité à un humain le fera quelque soit la décision de la victime. Dans le cas de Louis, certes Lestat lui offre le choix mais tout indique qu’il aurait probablement pris cette décision sans tenir compte de son avis. Lesat l’a fait avec David, alors que celui ci s’y était toujours opposé. On ne peut négliger le fait que le vampire propose toujours à sa victime de choisir alors que celle-ci est entre la vie et la mort. Le choix se résume finalement à « Mourir ou devenir vampire ».  Tout porte pourtant à croire que le vampire devrait avoir une «vie» heureuse. En effet, le temps n’a plus d’effet sur lui, il ne vieillit pas, n’est pas malade, n’a aucune préoccupation matérielle mais pourtant, il vit dans le doute et la solitude.

Dans de nombreux cas, les vampires ont été créés sans la moindre explication, ni la moindre orientation sur leur nouvelle vie (Lestat, Armand, Louis pour ne citer qu’eux). Seuls les vampires du premier sang connaissent exactement leurs origines. Cette quête d’identité pèse énormément sur leurs vies.  Cette race est intelligente et possède un fort pouvoir de réflexion. Armand ne considère pas leur position comme étant une punition. Le principal problème est qu’ils n’ont pas vraiment de but dans leur vie. L’immortalité peut paraître comme un fardeau dès lors qu’elle ne mène à rien de concret.

De nombreux vampires ne supportent pas cette absence de but et préfèrent mettre fin à leurs jours plutôt que de « subir » l’immortalité.  Les relations qu’ils établissent entre eux sont souvent passionnelles et pratiquement toujours extrêmes. Que ce soit l’amour ou la haine, ces passions finissent toujours par les séparer ! Il est évident qu’un lien intense unis Louis à Lestat, mais cela n’a pas empêché qu’il essaie de le détruire (cf. « Entretien avec un Vampire).  Les vampires sont impulsifs et seuls leurs sentiments guident leurs conduites. Anne Rice base d’ailleurs ses chroniques sur le récit d’aventures liées aux conséquences de cette attitude. Lestat, bien qu’étant doté d’une grande intelligence, est le meilleur exemple d’un vampire désespérément déchiré entre la passion et la raison. Sa soif de connaissance, son désir de sensations et de passions, le poussent sans cesse vers une prise de risque souvent inconsidérée.

 

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